Rassegna stampa su Giovanni Rissone
da Nice Matin del 15-05-1982
Au centre de rencontres, ouvertes hier a Nice
La "psychiatrie démocratique" (sans asiles): un modèle italien adaptable à la France?
Un certain Sigmund Freud avait, dans les temps difficiles, apporté la "peste" psychanalytique aux
Etats-Unis. Quarante ans plus tard, le psychiatre italien Franco Basaglia (mort en 1980, d'un cancer lui aussi)
a-t-il apporté à l'Europe occidentale in nouveau "germe" tout aussi salutairement destructeur,
celui qui devrait balayer tôt ou tard nos vieilles institutions asilaires et notre perception même de la folie?
On peut le penser, à mesurer l'impact, en France notamment, de ce modèle italien (ce "parangon",
pour reprendre l'italianisme fréquemment employé en l'occurrence) en regard duquel
l'"antipsychiatrie" à la française paraît bien futile et irréelle.
Basaglia, ses collaborateurs et tous ceux de sa mouvance ont réussi cette prouesse d'induire un profond
changement dans ce domaine si tabou de la maladie mentale, au point d'obtenir d'un Etat qui a pourtant le goût
de la tradition qu'il brise sa vieille institution psychiatrique. Quasi abandon de l'asile, de l'hôpital
spécialisé, au bénéfice d'équipes thérapiques légères,
permanentes mais mobiles, prêtes vingt-quatre heures sur vingt-quatre à intervenir là où se
trouve le malade - non plus perçu comme le fou dangereux, effrayant, menaçant, mais comme l'être qui souffre et
qui exprime ses manques.
Tel est - décrit bien sûr sommairement et sous l'angle de sa ,réussite seulement, qu'il convient
de nuancier - le mouvement "Psichiatria democratica", devenu, la référence de ce qui pourrait se
faire ailleurs, et en France notamment.
Les premières "Rencontres franco-italiennes", qui se tiennent depuis hier à la faculté des
lettres de Nice sur ce thème "Psichiatria democratica et psychiatrie sociale", à l'initiative du
G.R.I.S., témoignent de l'énorme intérêt que suscite l'expérience italienne en
grandeur réelle. Plusieurs centaines de personnes suivent ces travaux bilingues, qui contribueront
certainement à promouvoir au plus haut niveau français les idées venues de Trieste, de Turin, de
Gênes, de Rome : le patronage du ministère de la Santé est à cet égard
révélateur.
Il reste que, au vu de la première journée, on regrettera le déséquilibre de cette
confrontation, où le modèle italien paraît s'imposer par principe il est vrai que les
modifications du programme ont reporté à aujourd'hui et demain les interventions attendues de
Rotert Castel ("La Société psychiatrique avancée"), de Michel Polo(sur l'expérience
de Maud Mannoni à Bonneuil) et de Tony Lainé, psychiatre novateur, écrivain et homme de
télévision.
"Italia è vicine"
Autre regret (qui n'entame en rien l'intérêt considérable de ces, journées): les
intervenants italiens sacrifient excessivement aux plaisirs du verbe, au détriment souvent de la
clarté et surtout de la précision sur les expériences concrètes que, justement, on
voudrait mieux connaître.
Mais, au-delà de la communication proprement dite, une telle rencontre a une valeur symbolique. Nos
voisins viennent nous dire : "Briser les barreaux de l'asile, restituer au malade mental sa dignité de
citoyen, c'est possible... " et ils le prouvent.
Dans les années 68, le slogan "La Chine est proche" (Cina è vicine) fleurissait à Rome. Le
monde psychiatrique français pourra-t-il très longtemps ignorer qu' "Italia è vicine" (que
l'"Italie est proche"?)
Ch. G.
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